Xavier Méry

Chef d'établissement

Le code de l’éducation rappelle que « le chef d’établissement assume la responsabilité de l’Établissement et de la vie scolaire », l’architecture scolaire relève donc de sa responsabilité.

Nous sommes de passage mais le bâti demeure et témoigne.

Ce livret est la mise en image d’une histoire qui a débuté en 2015. Aucun des cinq projets architecturaux précédents n’avaient abouti. L’état des bâtiments existants était vétuste et peu sécurisé, il exigeait une refonte générale. En outre, l’organisation « en archipel » des différentes parties de l’établissement devait être repensée. Il était nécessaire de relier, d’unifier, ce que l’organisation architecturale existante, fruit des évolutions successives, séparait.

Ces constats furent l’opportunité de voir grand, de repenser toute l’organisation des bâtiments, des classes, des laboratoires, de rénover la chapelle de redéfinir un nouveau climat scolaire plus propice, à la camaraderie, à l’étude, à la contemplation. Nous voulions incarner « le bien être à l’École ».

Les principes de cette réorganisation ont été de placer l’administration, la salle des professeurs et le bureau de chef établissement au cœur du bâtiment historique jouxtant le Mas de la Communauté des religieuses. En bref, de créer un cœur dans l’institution au service des élèves. Mais aussi : d’imaginer une entrée de l’établissement qui soit sécurisée mais accueillante, fermée mais poreuse, lumineuse et invitante ; de situer les laboratoires au lycée mais de les partager avec les collégiens ; de réunir les cycles 2 et 3 du primaire en un même bâtiment et de prévoir son extension ; de voir émerger prochainement un gymnase de même facture, lumineux et aéré, une invitation à la pratique sportive.

Notre credo : prendre soin

 Un établissement scolaire n’est pas seulement une organisation de volumes, il faut donner une âme aux bâtiments. Cette âme incarne les finalités propres à toute école : éduquer les élèves à vivre ensemble dans une belle camaraderie et leur instruire les savoirs fondamentaux et spécialisés afin qu’ils puissent s’épanouir tout en construisant leur projet professionnel.

Éduquer, instruire certes mais dans un esprit propre à notre institution, à notre singularité. Le « charisme Trinitaire », symbolisé par la voile en forme de croix qui accueille le visiteur à l’entrée, insiste sur la qualité de la relation aux autres, à Dieu, à la nature mais ce charisme est tout aussi insistant sur la nécessité de libérer les femmes et les hommes de tout ce qui entrave leur plein épanouissement. Une expression caractérise l’esprit Trinitaire, « prendre soin ».

Ce projet devait prendre soin de nos élèves, de nos professeurs et personnels qui y travaillent.

Comment traduire dans la pierre des idées aussi belles qu’abstraites ?

Soeur Jean Gabriel, l’économe de la communauté, François Lacube, l’architecte et moi-même avons voulu réaliser tout cela en élaborant pendant deux années l’avant-projet définitif qui détermine le permis de construire.

De ces trois conditions, réunir, instruire et contempler ont découlé des partis pris architecturaux. Tout d’abord dans l’agencement des lieux en reliant ce qui était séparé, en provoquant à la relation par des  circulations qui invitent à la déambulation et à la rencontre. Ces circulations tournent autour d’enclos de verdure à la manière d’un cloître. Les patios, conçus comme des jardins intérieurs, amènent à contempler la nature plutôt qu’à la piétiner.

Cette présence de la nature s’impose car elle est l’objet du savoir, l’objet qu’étudient les sciences que l‘on enseigne. Il était donc naturel qu’elle soit au cœur de notre établissement et ce, d’autant plus, que notre époque, notre jeunesse, s’inquiète énormément de notre rapport à la nature, de la manière d’en prendre soin. Cette même préoccupation nous a imposé des choix, comme celui de renoncer à climatiser les classes et de faire du « free cooling » bien plus écologique et économe en énergie – de décrouter les cours pour accroitre la surface des espaces verts et la perméabilité des sols – de planter une quarantaine d’arbres.

Les classes ont été conçues pour donner aux professeurs les meilleures conditions pédagogiques, les dalles numériques, outre le confort visuel, donnent une grande liberté aux enseignants et stimule la créativité.

Une architecture au service du développement de la personne

Nos bâtiments sont modestes, pas de hauteur écrasante, neutralité des couleurs le béton est laissé brut, ce sont les élèves et les plantes qui colorent et animent l’espace. Il en découle une grande sérénité ce mot revient souvent dans la bouche de ceux qui découvrent l’établissement. Cela est rassurant car telle était notre intention pour réaliser un certain bien-être à l’école. Un lieu serein et naturel qui invite les élèves à cultiver leur attention, source essentielle à partir de laquelle un petit enfant peut aspirer à devenir un adulte responsable et un citoyen accompli et tout simplement heureux. En 2023, ce souci de l’attention dans une société bousculée et en perte de repères signera le nouvel engagement de l’Institution Sainte-Trinité, au service de l’ensemble de la communauté éducative.